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CINEMA




Psychogéographie d'un cinéphile

Pourquoi regarde-t-on des films ?

Elle est curieuse cette habitude de regarder des films de cinématographe, vous ne trouvez pas, vous ? On se met devant un objet plat sur lequel défilent des images animées et on croit voir des choses. Quelle farce ! Absolument rien ne se passe sur le rectangle plat où défilent ces choses. Rien, nada, macache ! Oui, rien certes, pourtant, c'est assez simple et naturel, nous regardons des films de cinématographe car nous aimons regarder des films de cinématographe.

Mais je ne voudrais pas tomber dans l'affreux tropisme du puisque c'est simple et naturel, c'est bon. J'attire bien au contraire votre attention sur l'éventuel retournement de cette proposition qui alors, soulignant les dangers du mythe du bon sauvage, nous invite davantage à entrevoir l'activité qui consiste à regarder des films de cinématographe sous le prisme d'une évidence certes, mais d'une évidence bien curieuse et bien complexe. Une merveilleuse alchimie en fait.

Regarder des films de cinématographe passe par cette évidente envie de voir d'autres vies, de vivre d'autres vies, mais surtout, bien sûr, de changer notre propre vie. Chaque film que je vois change ma vie. Un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie, les degrés varient, mais reste cette vérité qui ne semble pas vouloir s'altérer, les films changent la vie. Et ça, c'est bon, tout simplement. Par une alchimie complexe, variable, esthétique, construite ou fortuite, le cinéma me fait vivre l'émotion de la vie. Alors pourquoi se priver !!

Je regardais des films et un jour, j'ai vu les Tarkovski. Le cinéma était né.

J'ai ainsi pris l'habitude de regarder des films vers treize ou quatorze ans. Bien sûr, j'ai vu des films bien avant cet âge, mais regarder des films, c'est différent à mes yeux. Regarder un film, ce n'est pas aller au cinéma voir la dernière sortie ou allumer une chaîne de télévision, c'est décider de regarder un film, pas n'importe lequel, mais tel ou tel film, à un moment choisi et bien souvent de le revoir et de le re-revoir.

Je regardais des films et un jour, j'ai regardé un Tarkovski. Stalker pour être précis. Et ce jour là, la vie a changé. Le cinéma est né à mes yeux. Je n'ai plus jamais regardé un film comme avant, je n'ai plus jamais regardé un film de la même manière.

Tallinn (Estonie), décor des lettres U et N du film STALKER. Hommage (perso) à Andreï Tarkovski (2018).

Pourquoi écrire à propos des films qu'on regarde ?

Quelques milliers de films plus loin, et je compte le fait de revoir un film car revoir un film ne constitue pas une répétition mais bien une nouvelle aventure, parfois plus dure et plus cruelle pour le film et pour soi que la précédente projection. Au bout de quelques milliers de projections, quelle mouche me pique-t-elle de vouloir écrire à propos des films que je vois ?
Je vous rassure, amis lecteurs, aucune bonne raison si ce n'est, le plaisir d'écrire à propos des films que je regarde et de partager ces émotions.

Tallinn (Estonie), plaque officielle rendant hommage au film STALKER d'Andreï Tarkovski.


PS 1 : Psychogéographie : concept situationniste d'une philosophie pratique de l'urbanisme. Il est question ici de pratiquer la dérive géographique, ferment de la psychogéographie, dans l'espace cinématographique que peut se constituer un cinéphile.

PS 2 : Attention, je tiens à mettre en garde tous les acharnés des classements et autres palmarès, ici, que neni, ni classements, ni rangements, mais rien qu'une balade non professionnelle au pays de la cinématographie. Aucune exhaustivité n'est ici visée, juste la subjectivité d'une promenade d'un cinéphile amateur et de ses dérives cinéphiliques. Que les amateurs d'ordre, de bien-pensance et de pudibonderie tournent casaque. Ici, que du maintenant !